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français langue étrangère

19 mai 2012

linguistique

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Voltaire, Candide (1759)

Les thèmes du mal et dela Providence

Introduction

Candide est sous-titré l’Optimisme. Voilà un détail révélateur des préoccupations de Voltaire : le philosophe a voulu se moquer d’un optimisme irraisonné. En la personne de Pangloss qui répète mécaniquement et hors de propos : “Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles”, il a voulu ridiculiser ceux qui ne considèrent pas avec sérieux et respect le problème du mal. Voltaire attaque les enseignements de ses contemporains, Leibniz ou plutôt son disciple Wolff moins subtil que son maître, et, au travers d’un conte assez caustique, leur apporte la contradiction. Ainsi la question du mal est-elle au cœur de cet ouvrage, mais en même temps, Voltaire essaiera de donner une réponse personnelle qui puisse concilier la bonté divine avec l’existence du malheur. On doit remarquer que, déjà le conte oriental de Zadig, paru en 1747, douze ans auparavant, tentait de répondre à ce paradoxe métaphysique. C’est dire combien cette question épineuse tenait au cœur du déiste convaincu et du philosophe rationaliste épris de clarté.

 

Un monde livré au Mal

Candide, propulsé par les “grands coups de pied dans le derrière” du baron de Thunder-ten-tronckh, est brutalement “chassé du paradis terrestre” pour avoir cru au bonheur avec Mlle Cunégonde. Le voilà lancé dans un voyage aventureux, une errance formatrice au cours de laquelle il va découvrir le grand monde.
Il va expérimenter le mal sous toutes ses formes. Il s‘agit d’abord du “mal physique” selon les propres termes de Voltaire.

  • le froid et la faim.
  • la maladie, dans la personne de Pangloss retrouvé en Hollande sous l’apparence d’un “gueux tout couvert de pustules, les yeux morts, le bout du nez rongé…”
  • les catastrophes naturelles, d’abord sous la forme du séisme de Lisbonne, fait historique survenu en novembre 1755 qui avait beaucoup impressionné les imaginations de l’époque ; enfin sous celle de la tempête et du naufrage qui l’accompagne souvent.

Candide va expérimenter encore plus “le mal moral” qui tient une place prépondérante.

  • la stupidité des militaires.
  • la guerre. Guerre entre les Bulgares et les Abares, monstruosité absurde où l’on massacre les innocents avec une joyeuse férocité. Guerre entre les jésuites et la royauté espagnole dans la lointaine Amérique. Guerre entre Français et Anglais à propos du Canada, terre sans valeur au climat rigoureux, guerre où l’amiral Byng sera proprement exécuté “parce qu‘il n’a pas fait tuer assez de monde”. Guerre aux causes futiles où s’étalent la bêtise et la méchanceté humaines.
  • la pauvreté qui conduit à la mendicité.
  • l’hypocrisie et le fanatisme religieux. D’abord chez les protestants hollandais qui refusent d’aider un frère dans la peine. Ensuite chez les catholiques portugais où l’inquisition espionne et viole les esprits, où l’autodafé vient briser la liberté individuelle et fondamentale de la conscience. L’obscurantisme fait des ravages : une cérémonie expiatoire est décidée pour éviter le retour d’une secousse tellurique, mais en agissant ainsi on ne s’attaque pas aux causes du mal, une telle attitude relève plutôt de la mentalité magique. D‘ailleurs la réponse est claire : la terre tremble de nouveau. Enfin dans la guerre fratricide entre jésuites et royauté espagnole pour le pouvoir temporel alors que la bonne nouvelle n’est plus propagée et que les croyants n’agissent plus en conformité avec leur foi.
  • la malhonnêteté commerciale qui s’appelle banqueroute. Voltaire ajoute malicieusement “et la justice qui s‘empare des biens des banqueroutiers pour en frustrer les créanciers”. Celle de Vanderdendur (ce nom est tout un programme) qui se nomme vol.
  • l’esclavage pour des raisons économiques. Des êtres bien-pensants privent leurs frères de toute liberté pour produire certaines marchandises à bon marché. Le malheur des uns est exploité au profit des autres. « C’est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe ! »

Ainsi Voltaire nous dépeint un monde où le mal est une réalité omniprésente, conséquence surtout d’une nature humaine viciée. L’apparent vagabondage de Candide est destiné à nous révéler qu’aucun endroit sur terre n’échappe au fléau, sauf Eldorado qui demeure une utopie. Souvent Candide pense qu’ailleurs la vie est meilleure et Cacambo lui répond : « Vous voyez que cet hémisphère-ci ne vaut pas mieux que l’autre ». À la vérité, notre héros va être désabusé, le monde n’est pas fait pour les idéalistes, la réalité est pitoyable, la bonne volonté est brimée, l’homme est intrinsèquement mauvais. Candide va connaître l’amère expérience de n’être qu’un « jeune métaphysicien fort ignorant des choses de ce monde ». Même l’innocent est entraîné dans le tourbillon. Le mal appelle le mal, le meurtre est une réponse à l’intolérance. Notre héros sera obligé de reconnaître : « Je suis le meilleur homme du monde et voilà trois hommes que je tue ».

Un monde livré au désordre

La Providence

Candide perdra aussi ses illusions concernantla Providence. Cettenotion métaphysique ou plutôt théologique implique que l’univers conçu par un Être intelligent porte en lui-même la marque de son créateur, qu’il obéit à des lois. Cette croyance fondamentale dans l’ordre divin de l’univers entraîne que le déroulement du temps, l’histoire a une finalité, que les événements ne sont pas le fruit du hasard mais la mise en œuvre d’un plan dont le dessein ne nous apparaît pas clairement parce que nous manquons d’élévation et que ce projet doit inclure la nécessaire incertitude de la liberté humaine.

Qu’en est-il dans Candide ? Voltaire nous dépeint un monde livré au hasard, à un désordre malicieux et cruel parfois. Disons plutôt que le philosophe de Ferney crée selon sa fantaisie un univers en harmonie avec sa pensée du moment. Voltaire n’est pas dupe de sa fiction, il lui arrive parfois d’appuyer sur la plume, de souligner l’invraisemblance voulue des situations. Il fait dire à Candide : « Voilà une aventure bien peu vraisemblable que nous avons eue à Venise. On n’avait jamais vu ni ouï conter que six rois détrônés soupassent ensemble au cabaret », ce à quoi Martin répond : « Cela n’est pas plus extraordinaire que la plupart des choses qui nous sont arrivées ».

Candide et ses amis sont les jouets d’une divinité en folie, ils sont précipités à leur corps défendant dans des aventures sans lien entre elles. Aiguillonnés par la nécessité, ils fuient un malheur qui les poursuit sans répit. Notre vie est une mauvaise pièce de théâtre. L’épisode des rois détrônés à Venise est révélateur. L’existence enviée de monarque n’est qu’une « singulière plaisanterie ». Contrairement à ce que nous aurions pu croire, elle n’échappe pas aux lois communes et connaît elle aussi de redoutables retournements de situation. La fin n’apporte aucun apaisement, le monde se perpétue : Candide, volé par les Juifs, ne possède plus qu’une métairie ; Cunégonde, déjà disgraciée par ses mésaventures, devient acariâtre de surcroît ; le dévoué Cacambo est excédé de travail ; les notables connaissent toujours des revers de fortune ; les hommes pratiquent encore les supplices du pal et de la décapitation.

L’homme a vicié la création. Jacques, le bon anabaptiste, déclare : « Il faut bien que les hommes aient un peu corrompu la nature, car ils ne sont point nés loups et ils sont devenus loups » et plus loin : « Dieu ne leur a donné ni canon de vingt-quatre, ni baïonnettes ». Pire, il n’y a pas de justice immanente. Dieu semble se taire. Les bons périssent, les méchants se sauvent, Jacques se noie, le matelot qu’il a sauvé survit au naufrage. Lorsque Dieu intervient, son action est déplorable. Il punit le criminel Vanderdendur mais ne peut épargner l’équipage innocent. « Dieu a puni ce fripon, le diable a noyé les autres ». Pour d’autres, la Providence est une notion commode qui explique tout ou exonère de toute responsabilité. Pour le frère de Cunégonde devenu jésuite, l’arrivée de Candide au Paraguay est providentielle, elle vient renforcer la force militaire de sa compagnie.
Il est donc clair que Voltaire ne croit ni à l’ordre ni à la justice divine : l’homme est orphelin.

Les diverses attitudes philosophiques et le choix de Voltaire

Face à ce monde où le mal et le désordre règnent en maîtres, plusieurs attitudes sont possibles.
Il existe d’abord l’attitude des profiteurs, de ceux qui aggravent le mal, de ceux qui admettent l’absence de lois morales et qui en profitent. On peut citer le matelot, le gouverneur de Buenos-Aires, l’abbé périgourdin, Vanderdendur. Tous cultivent à des degrés divers l’immoralité. Pour l’un, il s’agit surtout d’égoïsme forcené ; pour l’autre, de l’abus de pouvoir ; pour le troisième, l’escroquerie ; pour le dernier, le vol et la fourberie.

Ensuite un certain nombre de positions philosophiques sont égratignées au passage par Voltaire. Elles ont en commun de donner bonne conscience, d’innocenterla Providenceou d’apaiser faussement la curiosité intellectuelle. Par exemple, pour expliquer le séisme de Lisbonne, l’attitude pseudo-scientifique recherche par analogie des causes qui échappent à notre entendement dans l’état actuel de nos connaissances : le tremblement de terre serait dû à une traînée de soufre sous la terre. L’explication religieuse avance que c’est le péché originel qui a introduit le désordre dans l’harmonie initiale, mais elle apparaît mythique et, selon Voltaire, ne saurait lier les descendants du premier homme. L’explication formaliste ne règle en rien le fond du problème, c’est une suite de sophismes qu’énonce Pangloss : « car s’il y a un volcan à Lisbonne, il ne pouvait être ailleurs car il est impossible que les choses ne soient pas où elles sont, car tout est bien ».

Deux attitudes par contre sont plus développées : le pessimisme et l’optimisme. La première est représentée par Martin. Le mal est partout, le bien n’existe pas. L’homme est intrinsèquement pervers, il est né pour l’angoisse ou l’ennui. Le réquisitoire de Martin est terrible : « Je n’ai guère vu de ville qui ne désirât la ruine de la ville voisine, point de famille qui ne voulut exterminer quelque autre famille. Partout les faibles ont en exécration les puissants devant lesquels ils rampent, et les puissants les traitent comme des troupeaux dont on vend la laine et la chair. Un million d’assassins enrégimentés courant d’un bout de l’Europe à l’autre, exerce le meurtre et le brigandage avec discipline pour gagner son pain parce qu’il n’a pas de métier plus honnête ; et dans les villes qui paraissent jouir de la paix, et où les arts fleurissent, les hommes sont dévorés de plus d’envie, de soins et d’inquiétudes qu’une ville assiégée n’éprouve de fléaux. Les chagrins secrets sont encore plus cruels que les misères publiques ». Ce point de vue est proche de la sensibilité de Voltaire qui pourtant le refuse. Un tel système conduit immanquablement au fatalisme et à l’inaction.

La seconde attitude, l’optimisme, est critiquée au travers du personnage de Pangloss, celui qui discute de tout, qui enseigne la « métaphysico-théologo-cosmolo-nigologie », autant dire une pseudoscience jargonnesque. Effectivement Voltaire tend à nous démontrer tout au long du roman que l’optimisme peut-être affirmé seulement au prix d’erreurs de raisonnement car l’expérience prouve l’omniprésence et l’universalité du mal. C’est une affaire d’a priori ou d’aveuglement même. « Il est aussi démontré (disait Pangloss) que les choses ne peuvent être autrement : car tout étant fait pour une fin, tout est nécessairement pour la meilleure fin ! » Ailleurs Pangloss pousse sa logique jusqu’à l’absurde à partir de postulats erronés : « Les malheurs particuliers font le bien général ; de sorte que plus il y a de malheurs particuliers, et plus tout va bien ». Voltaire critique au travers de ce personnage la théorie de Leibniz selon laquelle, en particulier, le mal serait « une ombre à un beau tableau ». Le mal servirait alors seulement à mettre en valeur le bien.

Voltaire, plus proche du pessimisme, renonce pourtant à cette position intellectuelle. Avec Candide, il nous montre que l’innocence peut exister et surtout que le pessimisme nous pousse à l’inaction s’il n’existe aucune espérance d’améliorer notre sort. Tout au long du roman, Candide espère. Son espérance s’appelle Cunégonde. Même si finalement elle est désabusée, elle a constitué le moteur de ses actions. Au cours de ses aventures, Candide va apprendre la fausseté de l’enseignement dispensé par Pangloss. Il est alors prêt à recevoir deux leçons. La première sera donnée par un derviche. Le sage oriental dédaigne les questions et livre à ses interlocuteurs la fable du sultan qui ne se préoccupe pas des souris embarquées sur son bateau, (Dieu a peu d’égards pour sa créature) puis, par les mots « te taire », il apprend à ses visiteurs qu’il faudra se défier de la métaphysique, affrontement d’idéologies sans lien avec l’expérience concrète et dont les réponses ne peuvent être que stériles. La seconde sera donnée par le vieillard turc : « le travail éloigne de nous trois grands maux, l’ennui, le vice et le besoin ». Il faut aménager, civiliser le monde, il faut, chacun de notre côté, s’attaquer modestement à la tâche. Voltaire propose une religion du travail seul capable d’apporter un bonheur limité et de réformer l’individu. « Il faut cultiver notre jardin » est la réponse définitive faite à l’éternel questionneur Pangloss.

Conclusion

Candide brosse un portrait de notre humanité assez ricanant. Voltaire se sauve finalement du désespoir et du pessimisme par l’action. Il faut reconnaître pourtant qu’il traite le sujet avec une certaine désinvolture. Plus qu’une véritable réflexion sur un sujet essentiel, son roman est plutôt un règlement de comptes endiablé, un jeu de l’esprit passablement ironique et irrévérencieux. Il pourrait nous faire croire que la pensée de Leibniz, grand philosophe et mathématicien du XVIIe siècle, est d’une stupidité affligeante. Il n’en est rien. Voltaire est très injuste, il feint de ne pas comprendre la position de l’auteur de la Théodicée, il s’amuse et nous amuse. Loin d’émouvoir notre sensibilité, Voltaire préfère toucher notre intelligence, il ne dénonce pas l’horreur mais l’absurdité. Candide, en fin de compte, est une œuvre séduisante beaucoup plus par ses simplifications, ses partis pris, ses rancunes, ses polémiques, sa virtuosité que par son contenu philosophique.

Voltaire et sa pensée

Biographie

Les informations de base sur la vie de Voltaire sont traités assez bien dans les manuels et il n’est pas nécessaire d’en parler au long. Mais il faut quand même mentionner au moins quelques détails. François Marie Arouet qui prendra le pseudonyme littéraire de Voltaire est né en 1694 comme fils d’un notaire riche. À Paris, le jeune Voltaire devient connu comme un satirique éternel. Mais ce n’était qu’un de ses visages : son optimisme quant à l’homme et le progrès, l’optimisme que Voltaire déclare un peu partout, se mêlait pendant toute sa vie d’une mélancolie profonde et même d’un pessimisme sous-entendu.

Dans une conversation Voltaire a outragé un noble et il a dû partir pour l’Angleterre afin d’éviter l’arrestation. Là, Voltaire a connu une liberté qui n’était pas du tout concevable en France de l’époque et son séjour l’a influencé profondément.

Finalement Voltaire a pu rentrer en France. Là il a continué sa lutte incessante contre l’injustice ; c’était un savant qui ne se séparait jamais de la réalité quotidienne, un intellectuel engagé dans le meilleur sens du terme. Il aidait les gens qui étaient accusés injustement, il a commencé à écrire des pamphlets et des polémiques et sous le fameux slogan « écrasez l’Imfâme » il luttait contre l’Église (mais pas contre la religion).

Voltaire est mort en 1778. Juste avant sa mort il a proclamé qu’il vénérait Dieu, qu’il aimait ses amis, qu’il ne ressentait aucune haine pour ses ennemis et qu’il détestait la superstition.

L’œuvre de Voltaire

On n’a pas le temps de traiter en détail l’œuvre immense de Voltaire. Si l’on voulait seulement nommer tous les titres, ça prendrait plusieurs minutes. Parmi ces – si je ne me trompe – quatre-vingt dix-neuf tomes nous pouvons trouver drames, poèmes, romans, nouvelles philosophiques, œuvres historiographiques, critiques littéraires et dramatiques. Il faut aussi mentionner la vaste correspondance de Voltaire.

On peut facilement trouver la bibliographie de Voltaire ailleurs ; je ne vais nommer que quelques titres les plus célèbres:

  • Art dramatique: Œdipe, La Mort de César, Zaïre. Ces pièces respectent l’esthétique classique.
  • Historiographie: Le siècle de Louis XIV, Histoire de Charles XII, Essai sur l’histoire générale, sur les mœurs et l’esprit des nations.
  • Romans et nouvelles philosophiques: Candide ou l’Optimisme, Memnon ou la Sagesse humaine, Micromégas.
  • Traités philosophiques: Les Lettres philosophiques connus aussi sous le nom de Lettres anglaises, Dictionnaire philosophique, Le traité sur la tolérance.

    Les idées de Voltaire

    On ne va pas parler seulement de la philosophie de Voltaire. "Philosophie", c’est un terme trop étroit pour désigner la conception du monde de Voltaire. On a déjà évoqué le fait que Voltaire était un polygraphe : écrivain, auteur de pamphlets, savant, critique littéraire et dramatique etc. En outre, à vrai dire, Voltaire n’était pas un philosophe par excellence. Par exemple dans ses Lettres philosophiques il traite presque tout : physique, religion, art, politique, économie, le problème de l’âme etc. Pour nous orienter un peu dans ce mélange extrêmement varié j’ai choisi les thèmes suivants : 1.) la religion, 2.) le rapport entre l’homme et la nature et 3.) la conception de l’histoire et de l’historiographie.

    Les informations de base sur la vie de Voltaire sont traités assez bien dans les manuels et il n’est pas nécessaire d’en parler au long. Mais il faut quand même mentionner au moins quelques détails. François Marie Arouet qui prendra le pseudonyme littéraire de Voltaire est né en 1694 comme fils d’un notaire riche. À Paris, le jeune Voltaire devient connu comme un satirique éternel. Mais ce n’était qu’un de ses visages : son optimisme quant à l’homme et le progrès, l’optimisme que Voltaire déclare un peu partout, se mêlait pendant toute sa vie d’une mélancolie profonde et même d’un pessimisme sous-entendu.

    Dans une conversation Voltaire a outragé un noble et il a dû partir pour l’Angleterre afin d’éviter l’arrestation. Là, Voltaire a connu une liberté qui n’était pas du tout concevable en France de l’époque et son séjour l’a influencé profondément.

    Finalement Voltaire a pu rentrer en France. Là il a continué sa lutte incessante contre l’injustice ; c’était un savant qui ne se séparait jamais de la réalité quotidienne, un intellectuel engagé dans le meilleur sens du terme. Il aidait les gens qui étaient accusés injustement, il a commencé à écrire des pamphlets et des polémiques et sous le fameux slogan « écrasez l’Imfâme » il luttait contre l’Église (mais pas contre la religion).

    Voltaire est mort en 1778. Juste avant sa mort il a proclamé qu’il vénérait Dieu, qu’il aimait ses amis, qu’il ne ressentait aucune haine pour ses ennemis et qu’il détestait la superstition.

    L’œuvre de Voltaire

    On n’a pas le temps de traiter en détail l’œuvre immense de Voltaire. Si l’on voulait seulement nommer tous les titres, ça prendrait plusieurs minutes. Parmi ces – si je ne me trompe – quatre-vingt dix-neuf tomes nous pouvons trouver drames, poèmes, romans, nouvelles philosophiques, œuvres historiographiques, critiques littéraires et dramatiques. Il faut aussi mentionner la vaste correspondance de Voltaire.

    On peut facilement trouver la bibliographie de Voltaire ailleurs ; je ne vais nommer que quelques titres les plus célèbres:

    • Art dramatique: Œdipe, La Mort de César, Zaïre. Ces pièces respectent l’esthétique classique.
    • Historiographie: Le siècle de Louis XIV, Histoire de Charles XII, Essai sur l’histoire générale, sur les mœurs et l’esprit des nations.
    • Romans et nouvelles philosophiques: Candide ou l’Optimisme, Memnon ou la Sagesse humaine, Micromégas.
    • Traités philosophiques: Les Lettres philosophiques connus aussi sous le nom de Lettres anglaises, Dictionnaire philosophique, Le traité sur la tolérance.

Les idées de Voltaire

On ne va pas parler seulement de la philosophie de Voltaire. "Philosophie", c’est un terme trop étroit pour désigner la conception du monde de Voltaire. On a déjà évoqué le fait que Voltaire était un polygraphe : écrivain, auteur de pamphlets, savant, critique littéraire et dramatique etc. En outre, à vrai dire, Voltaire n’était pas un philosophe par excellence. Par exemple dans ses Lettres philosophiques il traite presque tout : physique, religion, art, politique, économie, le problème de l’âme etc. Pour nous orienter un peu dans ce mélange extrêmement varié j’ai choisi les thèmes suivants : 1.) la religion, 2.) le rapport entre l’homme et la nature et 3.) la conception de l’histoire et de l’historiographie.

Voltaire - Candide ou l’Optimisme

1. Personen

Candide

Il est naïf, incapable de décider, pas maître de son destin (Schicksal), tombé amoureux de Cunégonde. Candide kommt vom gr. Candidus = weiss

Pangloss

C’est un philosophe, il parle toujours, sa théorie: tout va bien. -> Symbole l’optimisme de Leibnitz.

Cunégonde

La fille du baron de Thunder…, haute naissance (noblesse), sensuelle (fleischlich, sinnlich), elle est la femme de rêve de Candide (Traumfrau), symbole l’amour

Martin

Compagnon de voyage de Candide, il est pessimiste (-> contraire de Pangloss), il est sage et savant (gelehrt und weise)

Cacambo

Un Valet, aide de Candide (trouver Cunégonde)

La vieille

Elle secoure Candide de l’inquisition (à Lisbonne) et le conduit chez Cunégonde.

2. Inhalt (kurz)

Candide, un garçon naïf, est élevé au château du baron Thunder-ten-tronckh en Westphalie. Là, Pangloss lui apprend la philosophie de Leibnitz et Candide est fasciné du ‘’meilleur des mondes possibles’’. Bien qu’il soit chassé du château parce qu’il est tombé amoureux de Cunégonde, la fille du baron, il est toujours convaincu de cette philosophie. En traversant le monde à la recherche de Cunégonde, il voit la cruauté : La guerre de l’armée bulgare, le tremblement de terre à Lisbonne, la condamnation par l’inquisition. Pendent ce temps dur, il retrouve Pangloss et Cunégonde qui ont survécu un massacre au château, mais le bonheur ne dure pas longtemps : ils doivent se séparer de nouveau.

Candide doit faire un tour du monde (il doit s’enfuir…). Après Lisbonne il vient au paradis (l’Eldorado), mail il le quitte parce que Cunégonde lui manque. A Surinam il fait connaissance avec le philosophe Martin, qui pense que ‘’tout est mal dans le pire des mondes possibles’’. A Constantinople ils retrouvent enfin Cunégonde, Pangloss, le baron et un vieux sage turc qui leur conseille de ‘’cultiver son jardin’’, ce qui veut dire de ne s’encombrer ni de politique ni de philosophie. Alors ils s’y installent dans une métairie et Candide se marie finalement avec Cunégonde.

4. Themen und wichtige Textstellen

Voltaire critique et se moque de l’optimisme et la théodicée de Leibniz. 

Optimisme

  • But: démontrer (beweisen) la justice divine (Gerechtigkeit von Gott)
  • Dieu n’a pas voulu le mal et l’homme n’est pas responsable.
  • Dieu veut le meilleur et permit le mal. (-> Wir sind nicht perfekt)
  • Nous avons tous la possibilité pour agir bien, mais surtout on fait mal.
  • Le monde que Dieu a crée est le meilleur des mondes possibles, même s’il est imparfait.

Voltaire dénonce l’absurdité de l’optimisme dans son œuvre Candide.

L’Eldorado

Il structure le conte. Candide, chassé du paradis originel, à cause de Cunégonde, après plusieurs expériences des maux de l’humanité (guerres, catastrophes naturelles, l’inquisition) découvre par hasard le meilleur des mondes possibles, le paradis. Mail l’Eldorado n’est pas vivable malgré sa perfection, car Cunégonde en est absente. La quête reprend, d’autres malheurs arrivent. Candide retrouve Cunégonde enlaidie et décide de construire un paradis plus humain, le jardin.

Les voyages

Ils symbolisent l’initiation pour mûrir (reifen), l’errance (Verwirrung) du jeune héros à la recherche de son indépendance. Ils permettent de concilier (versöhnen) le merveilleux et la démonstration philosophique. Le voyage nous montre que la mal est partout, il alterne les moments de désespoir et les moments d’espoir et permet l’évocation d’horizons paradisiques (l’Eldorado).

La conquête de l’indépendance

La découverte du Nouveau Monde (colonisé par les Européens) offre à Candide deux expériences positives :

  • le pays des Oreillons où les juges paraissent raisonnables, à l’opposé des fureurs de l’inquisition.
  • L’Eldorado où il voit la relativité de la valeur des objets, où l’utile est agréable, d’où le mal est absent, où les sciences sont reines, où le roi est accueillant et libéral.

Il est certain quela Westphalien’est pas le meilleur des mondes possibles.

Un nouveau mentor

Pangloss est abandonné en Europe et ne repparaît qu’à la fin, mal en point. L’influence de Martin est déterminante dans l’affranchissement de Candide du credo optimiste.

Le motif amoureux

Relation Candide – Cunégonde avec beaucoup d’épisodes. Cunégonde a changé, mais Candide reste fidèle.

Wendepunkt (tournant): l’Eldorado. Candide le quitte à cause de Cunégonde. L’amour n’arrête pas, continue.

La métairie

Achète avec le reste des richesses de l’Eldorado représente

  • la faillite (Niederlage) de l’optimisme
  • un moven terme (Zwischenlösung) entre la faux paradis de Westphalie et le paradis Eldorado.

Le jardin

Il est harmonie: Il est ouvert à tous (sauf le frère de Cunégonde) et Candide y trouve son identité. Il apparaît comme le moyen de rendre le monde vivable, de s’accommoder de la réalité, comme un compromis. (ex: Cunégonde est là, mais vieille est laide !)

La victoire de l’esprit critique

Le meilleur des mondes n’existe pas, il faut le construire.

Le trajet de Candide représente la formation d’un esprit. Le héros est aidé par les circonstances et par la rencontre d’hommes (Jacques + Martin). L’esprit critique triomphe des dogmes dans le même temps que le jardin s’organise après l’effondrement du vieil ordre aristocratique.

La carte du monde voltairien

  • 2 lieux relèvent de la fiction (Thunder + Eldorado)
  • L’Europe du Nord est chargée de tous les maux. (militaire bulgare)
  • L’Espage est invivable (Inquisition)
  • L’Amérique symbolise l’espoir.
  • Venise est trompeuse.
  • Constantinople est le lieu de tous les possibles.
  • Tout va bien dans le paradis: p.5,5ff
  • Optimisme: p.12,1; p.21,18ff; p.29,13ff; p.31, 14ff (man erhält mehr Tugend)
  • Exagérations: p.11,15ff; p.74,5ff; p.78,14ff
  • Leibnitz: p.13,20ff
  • Candide nicht mehr überzeugt von Optimismus: p.16,11ff
  • Moquer d’optimisme: p.71,7ff
  • Ironie: p.76,6ff
  • Erzählt wie Märchen: p.79,9ff
  • Cultiver le jardin: p.148,13ff

Typische Textstellen

5. Spezielles

Zeitalter : 17.Jh (Aufklärung)

Zeitalter der Philosophen

Lebensdaten Voltaire: 1694-1778

La Formede Candide

Le conte est un divertissement agréable et une œuvre satirique et d’observation.

Les procédés de la satire

  • L’Ironie permet de critiquer les vices de la société et la doctrine optimiste
  • L’antiphrase: ex. ‘’un bel autodafé’’ -> contraires
  • La disproportion: ex. un autodafé pour un simple délit
  • L’hyperbole (exagération): ex. Candide reçoit 4000 coups de baguettes, le meilleur des mondes…
  • L’allusion (Anspielung): l’Ironie suppose la complicité entre lecteur et auteur. Ex: dans les passages libertins (delikat, unsittlich) -> Bsp. Junge Frau in Moschee und physique expérimentale.
  • Le badinage (Scherz): Voltaire fait les scènes les plus révoltantes sur un ton léger et gai.
  • Le réel qui offre des armes pour détruire l’optimisme est en même temps dénoncé par la satire.
  • Le narrateur observe son héros à distance.
  • Relation de connivence (Eigenverständnis) entre l’auteur et le lecteur (Man versteht sich ohne zu reden)
  • La parodie du romanesque (Candide est une histoire d’amour, chap. 7-9)
  • Candide, héros picaresque : on se moque de chevalerie (Ritter). Même dans les situations les plus dramatique, Candide pense à dormir, manger etc. -> Destruction de l’illusion romanesque
  • Candide est le héros d’un roman d’apprentissage (lernt neue Philo kennen !). -> jardin
  • Candide est une œuvre engagée dans son contexte historique: elle se place au cœur de débat philosophique sur la justification de l’existence du mal.
  • L’œuvre est destructrice: détruit la philosophie de l’optimisme, l’illusion romanesque..
  • Mais elle est créatrice: Conclusion du vieillard Turc: Le travail éloigne de nous trois grands maux: L’ennui, le vice et le besoin. (Langeweile, Laster, Not)

Le conte philosophique est ironique

La parodie (se moquer, imiter)

Spécial bac français : les trucs à retenir sur Zadig

Le courant littéraire de Zadig :
La philosophie des Lumières. Voltaire est l'inventeur du conte philosophique, un texte de fiction court et incisif qui allie la notion de plaisir à celle de l'enseignement. Ainsi, Zadig ou La destinée raconte les mésaventures d'un jeune homme beau et riche, Zadig, qui fait l'expérience du monde dans un Orient de fantaisie qui est un miroir de la société française. Zadig est une satire : le conte dénonce l'intolérance des hommes,  l'hypocrisie religieuse et le despotisme des puissants. L'humour et l'ironie y tiennent une place importante.


Le personnage principal :


Zadig : personnage éponyme du conte, c'est un philosophe dont le nom signifie « le véridique » en arabe et « le juste » en hébreu. Il est présenté dès le premier chapitre comme un homme très vertueux, sans aucun défaut pour la société de Voltaire. Sa « destinée » est changeante : Zadig travaille d'abord pour le roi de Babylone, avant de fuir le royaume. Il est accompagné de son meilleur ami, Cador, un beau jeune homme, dont le nom signifie « le tout puissant ».

 
Comparez Zadig à :


Micromégas, autre « histoire philosophique » de Voltaire, pour la question de la relativité des valeurs et la nécessité de tolérance et d'ouverture qu'elle véhicule.


L' esprit des lois , de Montesquieu, et plus particulièrement à son texte intitulé « De l'esclavage des nègres », pour le sentiment d'injustice profonde et l'ironie de l'auteur. On songe aussi aux Lettres Persanes, pour la visée philosophique, la question du bonheur, la parodie et l'orientalisme du décor.


Aux articles 10 et 11 de la « Déclaration des droits de l'homme et du citoyen » (du 26 août 1789), pour le thème de la censure politique et celui de la liberté religieuse.


L'argument qui tue : « De manière détournée, Voltaire s'attaque aux problèmes de société de son époque »


Plutôt que de dénoncer les injustices de manière directe (et aussi pour essayer d'éviter la censure), Voltaire utilise le rire et l'émotion qui sont des instruments critiques beaucoup plus efficaces que n'importe quel exposé didactique. Le détour permet au lecteur de s'identifier au héros positif (Zadig) et de prendre conscience, avec lui, des abus de la société contemporaine véhiculés par les personnages négatifs.


Le film à voir en complément :


Zadig ou la destinée (1981), un film de Jean-Paul Carrère avec Bernard Alane dans le rôle de Zadig.

 

Les citations :


« On bénissait Zadig, et Zadig bénissait le ciel. »


« Zadig ne savait encore s'il avait à faire au plus fou ou au plus sage de tous les hommes ; mais l'ermite parlait avec tant d'ascendant que Zadig, lié d'ailleurs par son serment, ne put s'empêcher de le suivre »


« Il croyait que les lois étaient faites pour secourir les citoyens autant que pour les intimider »


Les grands thèmes :


La justice (et l'injustice) : c'est un thème essentiel défendu par les Lumières. Dans Zadig, Voltaire montre son idéal de justice. Lorsque Zadig devient ministre du roi, ses jugements ne sont non pas arbitraires, ils résultent d'un jugement, de la raison. C'est tout l'idéal de justice véhiculé par les Lumières.


La satire des mœurs et des institutions : Voltaire s'attaque au fanatisme religieux et à l'intolérance. Il dresse un véritable réquisitoire contre l'Eglise qui détourne les valeurs de la religion au profit des intérêts personnels. Sa dénonciation est claire dans le chapitre XIII, « Les rendez-vous », dans lequel les prêtres décident de condamner Zadig à mort pour avoir fait abolir une tradition cruelle. Voltaire parsème aussi le conte de notes satiriques contre la cour, les financiers, les hommes d'église, bref tous ceux qui détiennent le pouvoir. Pour lui, une réforme du système politique est nécessaire.


Le voyage initiatique :
chaque chapitre apparaît comme une épreuve que le héros doit subir pour devenir un adulte et un homme vraiment libre. On retrouve l'un des motifs les plus courants du roman de formation, le motif du voyage. Car c'est en quittant son pays natal que le héros du roman de formation accède peu à peu à la sagesse, grâce au contact avec l'altérité.


L'erreur à éviter : "Zadig est un conte au ton léger et amusant "

 

Les aventures de Zadig sont racontées sur un ton faussement désinvolte qui contraste avec le sérieux et la gravité des thèmes abordés. La question de la croyance religieuse par exemple est évoquée dans la discussion du chapitre « Le souper », ou chacun essaie d'imposer ses croyances, toutes plus saugrenues les unes que les autres à son voisin. Seul le narrateur n'essaie pas d'imposer sa parole et garde le silence. C'est derrière ce silence que l'ironie de Voltaire et son idéal de tolérance se cachent. Le silence de Zadig en dit long sur les intentions de l'auteur qui est un pourfendeur du fanatisme et des parti pris.

Dans ce siècle du voyage et de la philosophie, Zadig entreprend son apprentissage dans un univers partagé entre le bien et le mal. Trahi par Sémire et Azora, déçu par l'amour, Zadig trouve refuge dans la nature, qui est à l'image de Dieu. Remarqué par le roi d'Egypte Moabdar, il retourne dans le tourbillon du monde et devient Premier ministre. Séduit par la reine Astarté et menacé par la jalousie du roi, il fuit bientôt Babylone. C'est l'occasion pour lui d'un retour sur soi et d'une réflexion sur les caprices de la fatalité. Au hasard des aventures qu'il croise sur son chemin en compagnie d'un ermite, Zadig devient l'incarnation dela Providence, dont les voies restent par ailleurs impénétrables. L'ange Jesrad lui révélera une partie des mystères dela Destinée. Sil'homme est sans cesse tiraillé entre liberté et déterminisme, il semble bien devoir les concilier, Et c'est là sans doute la seule vérité qui nous soit accessible.

Zadig ou la Destinée est un roman mais aussi un conte philosophique de Voltaire, publié pour la première fois en 1747 sous le nom de Memnon. Allongé de quelques chapitres, il fut publié une nouvelle fois en 1748 sous son titre actuel.

D’après Longchamp, secrétaire de Voltaire, c’est au cours des soirées mondaines données à Sceaux, chez la duchesse du Maine, que l’idée d’écrire des contes inspire à Voltaire ce petit roman, qualifié aussi de conte philosophique, qui connaît plusieurs éditions à partir de 1747. Il s'est par ailleurs défendu d’en être l’auteur, le considérant comme une simple « couillonnerie »[réf. nécessaire].

Cette œuvre est inspirée d'un conte persan intitulé Voyages et aventures des trois princes de Serendip[1]. Cependant Zadig va plus loin que les trois princes de Serendip en ce sens qu'il utilise la science de son temps, un « profond et subtil discernement », pour parvenir à ses conclusions. Voltaire n'évoque pas le hasard mais parle d'une « bizarrerie de la providence »[2]. Il introduit également le suspense dans son récit, alors que dans la tradition du conte oriental le lecteur est averti dès le départ que les trois frères n'ont pas vu l'animal, ce qui renforce le raisonnement indiciaire de Zadig pour se rapprocher de la méthode scientifique

 

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19 mai 2012

antigone de jean anouilh

Antigone est une pièce en un acte de Jean Anouilh représentée pour la première fois dans une mise en scène, des décors et des costumes d'André Barsacq au théâtre de l'Atelier à Paris le 4 février 1944, en pleine Occupation allemande.

Elle fait partie des Nouvelles pièces noires avec Jézabel (1932), Roméo et Jeannette (1946) et Médée (1953).

L’Antigone d’Anouilh est inspirée du mythe antique, en rupture avec la tradition de la tragédie grecque. « L'Antigone de Sophocle, lue et relue, et que je connaissais par cœur depuis toujours, a été un choc soudain pour moi pendant la guerre, le jour des petites affiches rouges[1]. Je l'ai réécrite à ma façon, avec la résonance de la tragédie que nous étions alors en train de vivre »[2].

Le personnage d’Antigone est l'allégorie de la Résistance s'opposant aux lois édictées par Créon / Pétain et qu'elle juge iniques. Elle refuse la facilité et préfère se rebeller, ne voulant pas céder à une prétendue fatalité... Créon pour sa part, revendique de faire un « sale boulot » parce que c'est son rôle et qu'il faut bien que quelqu'un le fasse. Anouilh s’inspire du geste de Paul Collette, un résistant français qui avait tiré sur Pierre Laval, chef du gouvernement de Vichy, le 27 août 1941.

Résumé

Antigone est la fille d'Œdipe et de Jocaste, souverains de Thèbes. Après le suicide de Jocaste et l'exil d'Œdipe, les deux frères d'Antigone, Étéocle et Polynice se sont entretués pour le trône de Thèbes. Créon, frère de Jocaste et – à ce titre – nouveau roi, a décidé de n'offrir de sépulture qu'à Étéocle et non à Polynice, qualifié de voyou et de traître. Il avertit par un édit

 

 

 

que quiconque osera enterrer le corps du renégat sera puni de mort. Personne n'ose braver l'interdit et le cadavre de Polynice est abandonné à la chaleur et aux charognards.

Seule Antigone refuse cette situation. Malgré l'interdiction de son oncle, elle se rend plusieurs fois auprès du corps de son frère et tente de le recouvrir avec de la terre. Ismène, sa sœur, informée de sa décision, refuse de la suivre, craignant sa propre mort.

Très vite, Antigone est prise sur le fait par les gardes du roi. Créon est obligé d'appliquer la sentence de mort à Antigone. Après un long débat avec son oncle sur le but de l'existence, celle-ci est condamnée à être enterrée vivante. Mais au moment où le tombeau va être scellé, Créon apprend que son fils, Hémon, fiancé d'Antigone, s'est laissé enfermer auprès de celle qu'il aime. Lorsque l'on rouvre le tombeau, Antigone s'est pendue à sa ceinture et Hémon, crachant au visage de son père, s'ouvre le ventre avec son épée. Désespérée par la disparition du fils qu'elle adorait, Eurydice, la femme de Créon, se tranche la gorge.

Personnages principaux

  • Antigone : fille d'Œdipe, sœur d'Étéocle, Polynice et Ismène, cette jeune fille est l'héroïne de l'histoire qui porte d'ailleurs son nom. Elle est décrite comme « pas assez coquine » par son entourage. Mais cela ne l'empêche pas d'avoir une volonté de fer (ce qui la poussera à affronter son oncle Créon en enterrant son frère) et d'irradier la joie de vivre.
  • Créon : frère de Jocaste (la femme d'Œdipe), légitime roi de Thèbes après la mort des deux princes ennemis, Créon est un souverain âgé, réfléchi et courageux. Il nous est décrit comme étant seul : « Créon est seul » se consacrant ainsi entièrement à son règne. Dont il assume les sacrifices nécessaires comme la punition de Polynice ou l'exécution d'Antigone.
  • Ismène : sœur d'Antigone qu'elle aime beaucoup « Si vous la faites mourir, il faudra me faire mourir avec elle ! », mais qui n'est pas très courageuse jusque vers la fin de l'histoire. Néanmoins, elle reste une belle jeune fille « coquette » et raisonnable « J'ai raison plus souvent que toi ! ».
  • Hémon : fils de Créon et d'Eurydice, fiancé d'Antigone à laquelle il est très fidèle « Oui Antigone, je t'aime comme une femme », fidélité qui le conduira au suicide lorsque cette dernière meure sous ordre de Créon. Ce fait le poussera également à mépriser son père, qu'il admirait beaucoup auparavant.
  • Le Prologue/Chœur : issue des pièces de théâtre dela Grèce antique, cette « entité » intervient au début du texte pour nous narrer le contexte de la pièce et nous présenter les personnages qui y évoluent. Il réapparait par la suite tout au long de la pièce pour faire avancer le récit ou amener un personnage à la réflexion.
  • Personnages secondaires

    • La Nourrice : vieille dame également appelée « Nounou » par les filles dont elle s'occupe.
    • Eurydice : femme de Créon qui passe ses journées à tricoter des habits pour les pauvres de Thèbes. Ces derniers « auront froid » à la fin de la pièce car elle se tranche la gorge en apprenant la mort de son fils.
    • Les trois gardes : chargés de surveiller le cadavre de Polynice.
    • Le page du roi
    • Analyse de la pièce

      Le Chœur

      Dès le prologue, le Chœur antique qui commente la pièce tout au long, annonce la couleur : on sait très bien qui va mourir, qui survivra, qui jouera un rôle, qui ne servira à rien, et les personnages sont alors répartis en deux grandes catégories : ceux qui « savent » et ceux qui « ne savent pas ».

      Créon, Antigone, le Messager font partie de ceux qui savent tout, sans aucun doute. Créon, inconsciemment, sait très bien le risque qu'il prend en décrétant cette interdiction, et il se doute bien qu'elle sera transgressée. Il sait aussi que ses actes ne sont pas justifiés, il le reconnaîtra même plus tard dans la pièce. Il l'a simplement fait pour donner une leçon, un exemple à la population. Antigone, elle, sait très bien ce qu'elle a l'intention de faire, contre le gré de tous, pour ensevelir Polynice malgré l'interdiction, et elle sait qu'elle va mourir, qu'elle doit mourir. « Elle aurait bien aimé vivre. Mais il n’y a rien à faire. Elle s’appelle Antigone et il va falloir qu’elle joue son rôle jusqu’au bout. » Le Messager lui, sait déjà aussi. « C'est lui qui viendra annoncer la mort d'Hémon tout à l'heure. C'est pour cela qu'il n'a pas envie de bavarder ni de se mêler aux autres. Il sait déjà... »

      La nourrice d'Antigone, les gardes, le page, Eurydice, ne savent rien. Ils sont complètement ignorants et se contentent de jouer bêtement leur rôle.La Nourriceest seulement là pour apaiser, les gardes pour accomplir le destin d'Antigone, le page pour accompagner Créon, et Eurydice quant à elle, n'a pas d'autre rôle que de mourir.

      Hémon et Ismène quant à eux, sont assez ambigus, car aucun d'eux ne sait vraiment tout ce qui se trame, Ismène ne se doute pas que sa sœur ira au bout, Hémon ne se doute pas que sa fiancée va se rebeller jusqu'à la mort, mais ils savent et comprennent la situation, et au fur et à mesure que l'histoire avance, ils comprennent, et savent alors qu'Antigone va vraiment mourir.

      Le Chœur commentera alors ironiquement toute la pièce : « C'est cela qui est commode dans la tragédie. On donne un petit coup de pouce pour que cela démarre... C'est tout. Après on n'a plus qu'à laisser faire. On est tranquille. Cela roule tout seul ».

    • Débats

      • Débat Créon / Antigone : Créon se retrouve seul face à Antigone, venant de commettre son crime, ayant tenté à deux reprises d'ensevelir son frère Polynice. S'étant fait arrêter pour avoir été prise sur le fait, il tente de la sauver. Il lui propose de faire accuser un garde, un complot, de faire mourir quelqu'un d'autre à sa place, et il essaie de la « ramener à la raison ». Mais elle reste sourde et impassible à ses arguments, elle « ne veut pas comprendre ». Il s'emporte alors, et fait ressortir ses propres défauts et ses faiblesses. Selon lui, il ne fait qu'accomplir son devoir, il n'a rien demandé... « Thèbes a droit maintenant à un prince sans histoire. Moi, je m'appelle seulement Créon, Dieu merci. J'ai mes deux pieds sur terre, mes deux mains enfoncées dans mes poches, et, puisque je suis roi, j'ai résolu, avec moins d'ambition que ton père, de m'employer tout simplement à rendre l'ordre de ce monde un peu moins absurde, si c'est possible. »

      Il lui reproche également de choisir la facilité, de dire non... On pourrait penser, nous, lecteurs, que ce n'est pas facile de dire non, mais Créon, lui, pense le contraire. Il pense que ça n'est pas facile de dire oui... De savoir que parfois ces lois sont injustes, ou stupides, mais de devoir dire oui... Ou d'avoir un rôle et un impact trop important pour se permettre de dire non à la légère, de se rebeller, par principe... Mais une fois de plus, Antigone repousse son argument. « Qu'est-ce que vous voulez que cela me fasse, à moi, votre politique, votre nécessité, vos pauvres histoires ? Moi, je peux encore dire « non » encore à tout ce que je n'aime pas et je suis seule juge. » dit-elle, ou encore « Pauvre Créon ! Avec mes ongles cassés et pleins de terre et les bleus que tes gardes m'ont faits aux bras, avec ma peur qui me tord le ventre, moi je suis reine. » Créon la traite alors d'« orgueilleuse. Petite Œdipe »... Il aborde alors le sujet de sa famille. Il reproche à Œdipe tout son orgueil qui a déteint sur Antigone... Et il dévoile la véritable personnalité d'Étéocle et de Polynice, deux voyous, ne valant pas mieux l'un que l'autre, n'aimant d'ailleurs même pas leurs sœurs, ni leur père, n'étant ni l'un un héros, ni l'autre un traître, mais tous deux des crapules, avides et cupides, s'étant bêtement entretués pour le pouvoir. Il avoue alors n'avoir aucune conviction que l'un est un héros ou l'autre un traître, c'est seulement pour le peuple... pour donner un bon et un mauvais exemple, le peuple a besoin d'un héros et d'un traître... Il avoue aussi qu'il ne sait même pas si le corps qui croupit là-dehors est bien celui de Polynice. Il reconnaît l'avoir pris tout à fait au hasard.

      Devant l'absurdité de la religion, des rites, de tout cela, devant la stupidité de tant de conviction pour des choses que Créon lui prouve sans importance, Antigone est prête à céder... Mais Créon lui parle alors du bonheur qu'elle est si prête d'atteindre si elle refuse de mourir pour son frère. Un bonheur avec quelques concessions, mais un bonheur tout de même... Mais Antigone se rétracte aussitôt, par fierté et par principe. Elle témoigne alors de son rejet de cette société qu'elle n'a jamais accepté... « Vous me dégoûtez tous avec votre bonheur ! Avec votre vie qu'il faut aimer coûte que coûte... Moi, je veux tout, tout de suite, et que ce soit entier, ou alors je refuse ! Je ne veux pas être modeste, moi, et de me contenter d'un petit morceau, si j'ai été bien sage. »

      Créon est à court d'arguments et devant l'emportement grandissant de sa nièce qui menace d'ébruiter l'affaire, il cède... Antigone veut mourir, eh bien, elle mourra... Malgré les supplications de son fils qui l'implore de gracier sa fiancée, la sentence est appliquée. Antigone se pend dans la grotte où Créon l'a fait emmurer vivante. Hémon perd alors l'admiration qu'il avait pour son père qu'il considérait comme un homme puissant et juste. Non préparé à tant de désillusions et rendu fou de chagrin par la disparition d'Antigone, il la rejoint dans la mort en se poignardant avec son épée. Eurydice, apprenant le décès de son fils,

       

       

       

      se suicide à son tour. Sa famille décimée, Créon, abandonné de tous, continue de gouverner les hommes en attendant sa propre mort comme une délivrance.

      • Débat Ismène / Antigone : cette confrontation n'est pas idéologique, mais plutôt modale, avec d'un côté Ismène, avec son tempérament passif « Il est plus fort que nous, Antigone » sa peur de la souffrance, de la mort et son envie de vivre normalement. Puis de l'autre côté, il y a Antigone, au tempérament actif. Elle connait son rôle dans cette histoire et veut l'accomplir jusqu'au bout, sans se plier à la « sagesse humaine » : « Je ne veux pas avoir raison », « Je ne veux pas comprendre un peu ». Sa foi en l'absurde lui fournit une forme d'égoïsme, qu'elle emploie même contre elle-même.
      • Outre ces deux principales confrontations, nous avons également des divergences Nourrice / Ismène et Hémon / Créon. Mais elles n'ont pas d'impact sur le récit. Il n'y a pas contre aucune opposition Étéocle / Polynice, car, même s'ils se sont entretués, ils étaient sur la même longueur d'onde.

        Comparaison avec l'Antigone de Sophocle

        Article connexe : Antigone (Sophocle).

        L'adaptation de Jean Anouilh ne diverge pas, en somme, du texte d'origine écrit par Sophocle vers 441 avant J.C. Mais certains détails font que nous avons à faire à deux styles différents. Et ce particulièrement en la personne de Créon : tandis qu'Anouilh le fait paraître comme un homme victime de sa souveraineté, Sophocle, lui, le représente plus comme un dictateur. Il existe également une différence au niveau du fond, alors qu'Anouilh n'appuie pas trop son texte sur le caractère religieux, ce dernier constitue un moteur essentiel dans la version originale de Sophocle. Le message que veut passer le mythe grec serait donc « Il ne faut pas déshonorer la loi qu'imposent les dieux ». Enfin, on peut constater certains anachronismes dans la version d'Anouilh (lorsqu'il parle de cigarettes, de voitures et de bars) probablement pour rendre l'histoire plus actuelle.

        Antigone (en grec ancien Ἀντιγόνη / Antigónê) est une tragédie grecque de Sophocle, écrite vers 441 av. J.-C. Elle appartient au cycle des pièces thébaines, avec Œdipe roi et Œdipe à Colone, décrivant le sort tragique d'Œdipe (roi de Thèbes) et de ses descendants. Dans l'économie du cycle, Antigoneest la dernière pièce, mais elle a été écrite avant les autres.

        Argument[

        Antigone fait part à sa sœur Ismène de son intention de braver l'interdiction d'accomplir les rites funéraires pour leur frère Polynice — tué par son autre frère Étéocle lors d'une bataille où les deux frères veulent tuer l'autre pour devenir roi, mais les deux meurent —, et cela sous peine d'être lapidée par le peuple thébain, car l'interdiction a été émise par le roi Créon. Tout en reconnaissant la justesse du geste, Ismène refuse de la suivre dans cette entreprise (« je cède à la force, je n'ai rien à gagner à me rebeller »).

        Alors qu'Antigone s'en va accomplir ce qu'elle estime être son devoir religieux, Créon développe, avec quelque grandiloquence, devant le chœur des vieillards thébains — choisis pour leur docilité — sa philosophie politique (le service de la cité, le bien du peuple) et se propose crânement à l'épreuve du commandement et des lois. Il y glisse une menace voilée adressée au Coryphée, le soupçonnant de corruption (au service des esprits rebelles).

        Le Garde vient alors informer le roi de la violation de son décret. Le Coryphée suggère à celui-ci que son interdiction était peut-être une mauvaise décision (« Cette affaire-là pourrait bien être envoyée par les dieux »). Créon se fâche et lui ordonne le silence. Le Garde, lui, est brutalement accusé d'être l'auteur du forfait rapporté, cela « pour de l'argent ». Le roi le menace des pires sévices s'il ne ramène pas rapidement un coupable afin de s'innocenter.

        C'est le cœur chargé de réticences (« il y a une chose qui importe avant tout : sauver sa peau ») que le Garde revient accompagné d'Antigone, prise en flagrant délit de récidive. L'affrontement est immédiat et total : la jeune fille affirme l'illégitimité de l'édit royal en se réclamant des lois divines, non écrites et éternelles. Au fil de l'argumentation, Créon cède le terrain. Après que la jeune fille a justifié sa lutte par l'amour fraternel, exposant ainsi sa motivation fondamentale (« je ne suis pas faite pour vivre avec ta haine, mais pour être avec ceux que j'aime »), il finit par disqualifier sa nièce : ce n'est pas une femme qui fera la loi. Quand Ismène réapparaît, c'est pour s'entendre accuser par son oncle d'avoir participé à la cérémonie mortuaire et pour exprimer son désir de partager le sort de sa sœur. Celle-ci refuse, la jugeant intéressée (terrorisée à l'idée de se retrouver seule survivante de sa famille). Créon, exaspéré par ce comportement, les traite de folles et les fait placer en réclusion, là où doivent se tenir les femmes.

        Puis voici Hémon, le fiancé de la condamnée. Le jeune prince s'enhardit à déclarer à son père qu'il se trouve dans l'abus de pouvoir en piétinant « les honneurs que l'on doit aux dieux », commettant ainsi une « faute contre la justice ». Aux propos nuancés et pleins de bon sens du jeune homme sur la manière juste de gouverner, le roi répond par des injonctions à l'obéissance inconditionnelle que les fils doivent aux pères, le peuple à son chef, et l'accusation d'être devenu l'esclave de sa fiancée (« Créature dégoûtante, aux ordres d'une femme »). Hémon quitte brusquement les lieux en proférant une promesse morbide que Créon prend, à tort, pour une menace contre sa vie.

        Tirésias sera le dernier protagoniste de ce triple affrontement. Le devin est venu dire au roi que les dieux n'approuvent pas son action et qu'il en pâtira pour la cité si Antigone n'est pas libérée et Polynice enterré. Créon insulte Tirésias et l'accuse de s'être vendu aux comploteurs qui en veulent à son pouvoir. Mais, secoué par les sombres prédictions du devin, lequel ne s'est jusqu'alors jamais trompé, il se ravise et décide d'aller procéder aux funérailles de son neveu avant d'aller délivrer Antigone. Il est hélas trop tard : celle-ci s'est entre temps pendue dans la grotte où elle avait été emmurée. Hémon tire son épée, ce que son père prend pour une tentative de le tuer, et se la plonge dans le corps pour mourir auprès de sa bien-aimée.

        Retournant au palais, Créon apprend que sa femme Eurydice, le trompe et qu'elle vient elle aussi de se tuer. Il est anéanti par cette série de catastrophes (« désastre venu de mes propres plans ») et n'aspire plus qu'à une mort rapide (« Débarrassez cet endroit d'un propre à rien »). Le Coryphée tire la leçon de cet « entêtement qui tue » : « il ne faut pas déshonorer la loi qu'imposent les dieux ».

        Note : les citations sont extraites de la traduction de Jean et Mayotte Bollack (éditions de Minuit, 1999)

        Caractères des personnages

        C’est la volonté bris de Créon qui bouleverse l’ordre naturel des choses qui est à l’origine de la tragédie : il fait mourir les vivantes et garde les morts chez les vivants, il empiète sur le rôle des dieux. Mais Antigone aussi bouleverse l’ordre : elle ne vit que pour les morts en ignorant les vivants : elle n’a pas d'enfants ; tout comme Créon elle bouleverse l’ordre des choses. Malgré son rôle apparemment secondaire, Créon n’est pas un faire-valoir d’Antigone, mais un tyran au fort caractère : il existe une véritable dualité entre lui et Antigone, et tous deux, dans leur obstination, leur solitude et leur certitude sont de purs héros sophocléens. C’est l’idéalisme contre le réalisme politique, le supplice de Polynice contre l'enterrement en grande pompe de son frère — l’un ne se comprend que par rapport à l’autre : honorer Étéocle serait banal si l'on accordait le même honneur à Polynice. C'est la lutte de l’État contre la famille, la vie contre la mort. Antigone, c'est la tragédie des oppositions, et surtout de celle de la loi dela Justice et de la vie sociale : Créon et Antigone ne favorisent toujours l’une que par rapport à l’autre ; ainsi, l'un comme l'autre sont-ils responsables de la tragédie.

        De plus, comme l'a montré Jacqueline de Romilly, Créon ne pense que par opposition et évidences (hommes/femmes, opposants/alliés) qui le conduisent à la tyrannie, quitte à contredire ses beaux discours initiaux. Il veut la cohésion et tout se détruit, sa famille comme l’État, car il souille la cité et veut se substituer au divin. Antigone et Créon, c’est l’affirmation de soi qui exclut les autres, ce qui implique la solitude, caractéristique du héros supérieur au commun des mortels. Hémon et Ismène sont quant à eux les représentants d’une position humaine et conciliante, leur mort signifie leur échec, l'impossibilité de modérer les pulsions quasi pathologiques des deux héros.

        L’erreur et le malheur sont nécessaires pour apprendre, comme nous le montre le chœur. Nous sommes soumis au temps, qui détruit tout (même idée que dans Œdipe roi). Gradation des stasimons :

        1. grandeur de l’homme et puissance, nécessité de la société ;
        2. l’homme porte le mal et n’est pas la mesure de toute chose ;
        3. Éros et Aphrodite dominent le monde ; intuition tragique : ce n’est qu’un jeu pour les dieux ;
        4. fables mythologiques pour commenter Antigone ;
        5. invocation de Dionysos qui réunit les contraires : leçon poétique ; la cité doit accepter ce qui la dépasse (loi divine).
17 mai 2012

Accent tonique

L'accent tonique met en relief l'émission d'une syllabe dans un mot en augmentant l'intensité de la voix (ainsi que, souvent, une élévation de la hauteur[réf. nécessaire]). La syllabe (ou la more) frappée de l'accent est dite tonique, et les autres atones. On distingue fréquemment les langues à accent tonique des langues à tons et à accent de hauteur, bien que certaines langues, comme le mandarin et le thaï, utilisent les deux systèmes : dans une langue à tons, l'accent tonique ne peut être que secondaire. Enfin, au sein des accents toniques, on distingue deux catégories : l'accent d'intensité et l'accent de hauteur.
L'accent tonique est une notion étudiée principalement en phonétique et en phonologie. La première discipline s'intéresse aux moyens physiques de sa réalisation, la seconde à son rôle dans la langue. L'accent tonique est une unité discrète au même titre que le phonème, mais n'est pas segmentable. C'est donc une unité suprasegmentale : l'unité accentuelle ne peut être perçue sans le support des phonèmes et elle n'existe pas sans eux.
Note : les transcriptions phonologiques entre barres obliques sont en API. Rappelons que l'accent tonique est signalé par le symbole /'/ placé devant la syllabe concernée. L'accent secondaire, quant à lui, est symbolisé par /ˌ/ ; ainsi, dans la chaîne de phonèmes /ˌfutri'kɛ/ « foutriquet », /kɛ/ porte l'accent tonique (primaire), /fu/ l'accent secondaire et /tri/ est atone.

Exemples de langues à accent tonique:

La grande majorité des langues d'Europe (dont les langues indo-européennes mais aussi finno-ougriennes, ou turques) ont un accent tonique, ce qui peut faire laisser souvent croire que c'est le système le plus répandu, alors que les langues du monde utilisent principalement le système tonal.
Il existe cependant, plus rarement, des langues connues pour ne suivre aucun de ces systèmes : le hindi, par exemple, n'a ni accent tonique ou de hauteur ni tons.

Différences avec le système tonal

Si l'accent tonique, de hauteur ou d'intensité, s'oppose si fortement au système tonal (sans que l'un exclue nécessairement l'autre) c'est parce qu'il fonctionne principalement sur le contraste entre syllabe marquée, minoritaire dans le mot (souvent unique) ou dans l'énoncé et syllabes atones, majoritaires le plus souvent. En sorte, un mot ne possède qu'un nombre très limité de syllabes toniques voire aucune dans le cas des clitiques. Dans le système tonal, au contraire, il n'existe pas de contraste d'une telle sorte : toutes les syllabes (sauf quelques-unes, parfois) portent un ton, quel qu'il soit. C'est la différence entre la nature des tons qui crée le contraste.

Ce point explique pourquoi on ne peut considérer les langues à accent de hauteur comme des langues tonales : en effet, même s'il existe des « tonèmes », ils ne frappent qu'une ou deux syllabes du mot, tandis que les autres restent atones. Le système accentuel met donc en valeur une partie limitée du mot (celle qui porte l'accent par opposition aux autres) ou de l'énoncé (il existe des mots portant un accent, d'autres atones) tandis que le système tonal place toutes les syllabes et les mots (sauf quelques exceptions) à un même niveau hiérarchique.

Accent de hauteur

Là où l'accent tonique réalise une augmentation de l'intensité sonore lors de la prononciation d'une syllabe pour la mettre en évidence, l'accent de hauteur la met en évidence par un changement de hauteur de cette prononciation. Dans la plupart des cas, la langue aura donc une hauteur, une « note », de base, appliquée à la plupart des syllabes, et une (ou plus rarement plusieurs) syllabe par mot sera prononcé sur une note plus aiguë. C'est par exemple le cas du japonais, du suédois, ou du grec ancien. Les langues tonales, au contraire des langues à accent de hauteur, voient chacune de leurs syllabes porter un ton ou une variation de ton différents.

Allongement dans la syllabe accentuée:

En italien, la voyelle accentuée est automatiquement allongée. La quantité n'est donc pas phonologique puisqu'elle est entièrement conditionnée par la place de l'accent ; il n'existe pas de vocoïdes ou contoïdes longs non accentués, les consonnes peuvent cependant être géminées hors de l'accent. C'est le dernier segment de la syllabe accentuée qui s'allonge, par exemple fato « destin » /'fa.to/ et fatto « fait » /'fat.to/ sont réalisés respectivement ['fa:to] et ['fat:o]. Lorsque le noyau de la syllabe est une diphtongue, son deuxième élément subit un semi-allongement : vuoi « tu veux » /'vwɔi/ ['vwɔ·i].

Tension musculaire et clarté des phonèmes accentués:

Il existe un phénomène dit « apophonie accentuelle » qui prévoit que les voyelles atones d'un mot, dans certaines langues, sont réalisées moins distinctement que les toniques (la tension musculaire mise en œuvre étant moindre). Leur timbre est moins clair et des voyelles différentes sont même confondues quand elles sont atones. Plusieurs modifications phonétiques peuvent entrer en jeu, comme la neutralisation ou la centralisation. Parmi les langues à apophonie accentuelle, on peut citer diverses langues slaves (bulgare, russe: consulter Apophonie accentuelle en russe), des langues romanes (catalan, le portugais, l'occitan, etc.) ou encore des langues germaniques (anglais, allemand, néerlandais, etc.). Il ressort d'une telle apophonie que ce n'est pas tant l'accent qui modifie l'image acoustique des mots que l'atonie : en effet, l'accent préserve ici l'identité des voyelles. En bulgare, par exemple, les voyelles о /ɔ/ et у /u/ sont réduites à [o] tandis que а /a/ et ъ /ɤ/ sont réalisées [ɐ] quand elles sont atones. Pour d'autres exemples, consulter les articles consacrés aux langues citées.
Ce dernier point, on le verra plus bas, entraîne des conséquences importantes pour l'évolution phonétique des langues.




17 mai 2012

Candide

 

candideCandide est un conte philosophique de Voltaire paru à Genève en janvier 1759. Il a été réédité vingt fois du vivant de l'auteur (plus de cinquante aujourd'hui), ce qui en fait un des plus grands succès littéraires français.

Candide porte le titre complet de Candide ou l'Optimisme, soi-disant traduit des additions du Docteur Ralph qui, en réalité, n'est que le pseudonyme utilisé par Voltaire pour éviter la censure. Cette œuvre, ironique dès les premières lignes, ne laisse aucun doute sur l'origine de l'auteur, qui ne pouvait qu'être du parti des philosophes : « Les anciens domestiques soupçonnaient que [Candide] était fils de la sœur de Monsieur le Baron et d'un bon et honnête gentilhomme du voisinage, que cette demoiselle ne voulut jamais épouser parce qu'il n'avait pu prouver que soixante et onze quartiers, et que le reste de son arbre généalogique avait été perdu par l'injure du temps1. »

On perçoit immédiatement, dans la fin de ce premier paragraphe de l'œuvre, le sarcasme moquant le conservatisme social de la noblesse arrogante, certes tel que Molière un siècle plus tôt le pratiquait aux dépens de la petite aristocratie provinciale2, mais surtout annonçant le Figaro de Beaumarchais : « Si le Ciel l'eût voulu, je serais fils d'un prince3. » Candide est également un récit de formation, récit d'un voyage qui transformera son héros éponyme en philosophe, un Télémaque d'un genre nouveau.
L'onomastique4, en matière d'interprétation des textes voltairiens, se révèle souvent féconde. Le mot « candide » vient du latin candidus qui signifie blanc. Le choix d'un tel nom indiquerait l'innocence du héros, voire sa naïveté. Cire vierge sur laquelle on marque en apparence tout, il s'étonnera de ce qu'il observera au fil de ses tribulations, à la façon apparemment enfantine de Socrate dans les dialogues platoniciens, personnifiant ainsi, selon l'étymologie du mot, l'ironie — εἰρωνεία (eironeia) —, l'ignorance feinte.

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